
Entendez-vous cette petite musique en fond sonore dans votre tête ?
Les médias, ces jours-ci, répètent les termes « en ce début 2025, le nombre de demandeurs d’emplois augmente de …% », conséquence de la mauvaise santé de notre économie.
Cette petite musique pénètre dans nos « cerveaux disponibles » (expression de Patrick Le Lay ex PDG de TF1 qui vantait les mérites de ses émissions destinées à créer les conditions optimales d’une audience prête à accueillir béatement les publicités de la chaîne).
Cette petite musique discordante et toxique, truffée des fausses notes d’une partition répétée à l’envi, n’incommodera que les plus mélomanes, à savoir ceux et celles pour lesquels les mots ont un sens et une histoire.
Dire « le nombre de demandeurs d’emplois » implique de manière déguisée, que ceux-ci porteraient en eux-mêmes les germes d’une responsabilité (culpabilité ?) à l’aggravation de ce marasme économique qui ne fait que se répéter de façon cyclique et endogène depuis la crise boursière de 1929 aux USA, jusqu’à plus récemment la crise de la bulle internet en 2000/2002 puis celle des subprimes en 2007/2008.
Je voudrais juste rappeler ici, que de façon chronologique, avant de se retrouver demandeurs d’emploi (terme déjà contestable car un emploi est le fait de placer quelque chose ou quelqu’un mais en aucun cas un métier), les salariés doivent être licenciés.
Il faudrait donc dire que le nombre de licenciements augmente en ce début d’année et non le nombre de demandeurs d’emplois. Car cette formulation désigne opportunément la réalité d’un modèle économique qui utilise l’humain (et non le capital) comme variable d’ajustement pour le maintien d’un système qui fait la part belle à la rémunération des actionnaires (98, 2 milliards reversés en dividendes aux actionnaires en 2024 aux seules entreprises du CAC40 ; source BFMTV et France Info).
Le langage nous permet de qualifier notre réalité. Si nous voulons changer notre réalité, notre monde, veillons à choisir nos mots pour le rendre plus conforme à ce qu’il est, ou à ce qu’il pourrait devenir.
La fin du demandeur d’emploi, donc.
