La vie d’un homme.

Mon Paulo,

Voici trois semaines que tu nous as quittés. Mes pleurs et mes prières se succèdent sans que j’y trouve réelle consolation.

Je porte en moi depuis quelques temps, ces quelques mots que je me décide enfin à t’adresser et qui je l’espère te parviendront là où tu es.

Ton départ brutal nous a laissé hébétés. Ta vie dans ce monde fut celle d’une comète noire étincelante de lumière. Tu as fait tous les métiers, chanteur de rock, conducteur d’engins, cuisinier, marin, factotum de l’état français, dirigeant d’un cercle de jeux, mécano et j’en passe.

Mais ce qu’il me reste de toi, c’est l’amour que tu nous as manifesté, tes conversations interminables où s’esquissait un paysage de solitude lorsque tes jours finissants, la souffrance, la maladie et l’éloignement de ceux que tu aimais débordaient de ta pudeur. Tes mots pouvaient être vulgaires mais tes sentiments ne l’étaient pas.

J’arrête ici cette missive tant ta vie mériterait à elle seule l’écriture d’un roman à toi entièrement consacré, ce dont je me sens incapable à l’heure qu’il est.

Je t’aime.

P.S. Je diffuse pour toi à l’instant cette musique qui démarre comme un souffle en écho au tien, ton dernier, cet air de Led Zeppelin que tu aimais tant, plus que jamais de circonstance, « Stairway to heaven ». Je t’embrasse mon Paulo.

L’auteur esquivait-il ? Ou bien, à la manière d’un peintre, par petites touches périphériques apparaitrait un tableau final ? Faudrait-il recouvrir la toile de plusieurs croquis successifs et superposés, que seule la radiographie révèlerait, comme autant d’étapes nécessaires au dessein d’une œuvre liminale, de l’ébauche à l’ultime récit ?

La vie de cet homme-là ressemblerait-elle à ce cheminement ? D’abord des contours flous s’affirmant au fil de l’âge et du temps, dévoilant lors d’arrêts sur image un parcours riche en bienfaits de toutes sortes ?

Ou au contraire, comme telle autre, apparaitrait une destinée nettement tracée s’achevant dans la confusion la plus totale, dans une noirceur mentale et physique, une déchéance insupportable, un éclatement de chaque pièce pour ne laisser derrière elle que chaos, désordres et malheurs de toutes sortes ?

Oui ce roman prendrait sans conteste du temps à l’auteur…

À moins d’une intervention soudaine quasi divine.

Un second personnage apparut.

%d blogueurs aiment cette page :
search previous next tag category expand menu location phone mail time cart zoom edit close