La vie d’un homme.

Les vacances approchant, Jean Baptiste Filippi décida de se retirer dans son petit village corse de Casalaoglia, dans la montagne à 600 mètres d’altitude. Un hameau qui comptait au plein cœur de l’été, une trentaine d’âmes, pour la plupart ayant dépassé les 90 ans.

Le soir, quelques veuves guettaient la rituelle partie de pétanque des plus jeunes afin qu’ils jouent le rôle de sergents recruteurs pour rejoindre les équipes ainsi constituées. A cette occasion Filippi les interpellait d’un joyeux « allez les filles, on vous attend ». Aussitôt elles rajeunissaient de presque 20 ans. Leur empressement et leur bonne humeur faisaient plaisir à voir. On aurait pu les croire inoffensives sur le terrain de boules, mais la plupart d’entre elles s’avéraient redoutables. A croire qu’elles s’entrainaient toute l’année durant dans l’attente de ces moments qui venaient égayer leur vie de solitude, loin de leur tribu. Le tissu familial se reconstituait alors un moment, celui des maigres vacances.

Filippi occupait également son temps, à la rédaction de son roman, aux discussions interminables lors des apéritifs ou à l’exercice de la sieste traditionnelle. Aller chercher l’eau fraiche à la fontaine, marcher sur les chemins de son pays, rythmaient pareillement ces journées de repos paisibles, loin de la fureur des villes.

Hélas, la violence des hommes se manifestait ici comme ailleurs et il aurait préféré être épargné des évènements qui eurent lieu alors, bien qu’il considérât ce terroir comme un havre pour se ressourcer.

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