La martingale de l’écrivain.
Parlons ici du généraliste, ni philosophe, ni économiste, ni historien…, bref un essayiste, romancier de base. L’ouvrier œuvrant et manœuvrant à l’œuvre, si vous préférez. L’artisan du mot, le polisseur de phrases, le sculpteur de métaphores, et d’archétypes.
Du style d’abord. Avec de l’humour, de l’amour, des dialogues, un peu de poésie, du sexe (ce qui n’est pas incompatible), un soupçon de fantastique, quelques citations d’auteurs reconnus apportant une forme de légitimité.
Ensuite, une syntaxe avec des mots simples, (sujet, verbe, complément d’objet direct ; parfois un adverbe ou un adjectif, de la ponctuation avec parcimonie, mais guère plus !!!). Attention à ne pas alourdir afin d’être accessible au plus grand nombre !!! Employer intégralement le présent ! Bannir à tout jamais le conditionnel ! Et pour faire bonne mesure, l’imparfait du subjonctif, voire le subjonctif tout court, trop casse-gueules ! Pas de : « souffrez qu’elle souffrît une telle souffrance ! ».
Pareillement, gare aux répétitions, aux mots savants, aux renvois en bas de page ou en fin d’ouvrage ! Trop monotone, ou trop distrayant, avec comme corollaire le risque de perdre le lecteur non averti qui passerait son temps à feuilleter, voire, Gross katastrof, à utiliser un dictionnaire pour en définitive, capituler face à cette embûche !
Consensuel si possible, mais pas trop. Un brin de provocation au détour de tel ou tel propos sera le bienvenu ; quelques distillats d’argomuche de ci de là, aussi.
Ah… ne pas oublier l’essentiel. Une intrigue, une bonne histoire bien croustillante, du type : « un mari jaloux surprend sa femme au lit dans les bras d’un autre homme. Ce dernier, ancien militaire des forces spéciales, parviendra-t-il à échapper à l’ire du cocu ? Qui aura la garde de la chèvre s’ils divorcent ? Quel rôle occulte a joué la belle-mère dans cette saga familiale, ô combien mélodramatique et teintée d’amour sado maso ? ».[3]
La vie d’un homme, quoi ! Ouais, ça avait d’la gueule !
Et enfin, exit le velléitaire. D’emblée impressionner la critique avec un pavé de 900 pages. Voilà quelqu’un qui a du répondant !
Puis, mélanger habilement tous ces ingrédients savamment dosés, succès assuré !
L’auteur s’était d’ailleurs évertué à appliquer à la lettre, chacun de ces principes glanés dans un tuto en ligne. Une vidéo fort bien faite par ailleurs, présentée par son concepteur, un certain Hégésippe-René Laplanche.
Hélas bernique, que tchi, niente, pas l’ombre d’un éditeur en vue ayant répondu à ses envois de manuscrits ! Plus personne ne lisait de livres, bordel !
La faute à ces fichus réseaux sociaux de m…. à la c.. de s…….. de bouse de v…. s’échauffa l’auteur, le fameux commissaire Jean Baptiste Filippi !
[3] L’auteur lève ici généreusement le voile sur les arcanes de la nature de son talent.